A l’origine, le faux-lion est un rite de possession. Il remonte à l’époque où le Sénégal était couvert d’épaisses forêts peuplées d’animaux sauvages comme les lions, les hyènes, les singes, les chacals, les gazelles. On raconte que le chasseur qui avait été attaqué par un lion et avait survécu devenait une personne étrange. Choqué par sa rencontre, il perdait la tête, il rugissait comme un lion, ne mangeait que de la viande crue, des poils lui poussaient sur le corps. Il était le lion. Pour le soigner, les guérisseurs procédaient alors à des rituels de « possession », tels qu’on les voit encore aujourd’hui dans les cas de possession par un esprit ancestral.
Des hommes se déguisent en lions (faux lions) avec un maquillage imitant le fauve : le rouge et le noir, des visages barrés de moustaches et un aspect terrifiant. Ils arrivent, annoncés par des tam-tam, rugissant, cachés au public par des pagnes, à la place prévue où les attendent déjà organisateurs et spectateurs dans leurs habits de fête.
Le jeu du faux-lion est une animation de rue très populaire. L’un des artistes de la troupe est déguisé en lion terrible et méchant. Il est entouré de « ses femmes », ou plutôt de ses compagnons déguisés en femme : les goor-jigeen (littéralement les hommes-femmes en wolof). Les spectateurs rassemblés pour l’occasion doivent acheter leurs tickets pour assister aux danses du lion et de ses femmes. Le lion cherche dans l’assistance les spectateurs qui n’ont pas pris soin d’acheter leur ticket. Les malheureux saisis par le lion vont être malmenés en public, aspergés d’eau ou moqués.