Je refuse d’être de la cohue nazifiée, qui courbe l’échine…Par Adama Gaye*

Peuple du Sénégal : De mon nouvel exil !
Nous vivons au Sénégal des moments Hitlériens. Je refuse d’être de la cohue nazifiée, qui courbe l’échine…
Par Adama Gaye*

J’ai choisi. De ne pas me livrer. Il y a 5 ans, face à un autre régime autocratique, j’avais pris le pari, depuis l’extérieur, malgré l’alerte d’une amie sur ce qui se tramait contre ma personne, de rentrer au Sénégal et de me retrouver otage d’un État et seul dans l’inacceptable destin déclenché par mes ravisseurs.

J’ai conté moult fois ce narratif et en ai fait un livre sous le titre: Otage d’un État (Harmattan).

Pendant 5 ans, j’ai ensuite vécu un douloureux et coûteux exil. À mes frais ! Ce fut une période épique. Nul n’a apporté un quelconque soutien pendant que je le vivais. J’entendais, de temps à autre, l’approbation sur les positions écrites et verbales que je prenais, voix quasi solitaire, dans la lutte que je menais contre le monstre qu’était le régime sanguinaire et kleptocratique, democraticide, de Macky Sall.

Personne ou presque, chef religieux ou politique, journaliste, ou autre corps socio-professionnel ne démontra une attitude de soutien à mon engagement sauf à saluer par des messages anonymes et privés ce que j’exprimais par mon refus de l’arbitraire.

Être parti en exil, unique solution pour ne pas faire partie des victimes massacrées et écrasées par les bras assassins d’un État ayant perdu la raison, fut un acte de bon sens.

Il n’empêche: j’entendis après des forces capitulardes soudain requinquées par la victoire sur le tyran Macky Sall à laquelle j’avais beaucoup contribué, oser me le reprocher ! Tel est le Sénégal et l’artiste Youssou Ndour campe à merveille cette situation par sa chanson: Womatt Mbaam.

Avoir été mis illégalement dans une chambre carcérale au milieu d’une centaine de criminels alors que je n’étais coupable que d’avoir dit et écrit mon opinion sur le pays, à sa défense, en constatant la passivité d’un peuple qui n’a pas le courage ni l’éthique de se déterminer, cela m’a servi de plus grande leçon que je ne saurai oublier.

Je reprends le chemin de l’exil. Contraint et forcé. Parce que le Sénégal n’est pas un pays juste. Qu’il est enclin à sombrer corps et âme dans la compromission avec tout pouvoir surtout d’Etat qui s’installe à son sommet.

J’en vois qui vont écarquiller les yeux, se précipiter pour fustiger ma décision de ne pas rentrer dans un pays où j’ai une crédibilité à tenir et des combats à mener. « Tu fuis », oseront des voix dont le projet obscur n’est rien d’autre que de taquiner ma fierté pour me pousser à agir aveuglément, c’est-à-dire à me jeter dans les griffes d’un État aussi crapuleux qu’il est dans le désarroi.

Pendant que les récits des victimes torturées ces dernières années suscitent des moues de désapprobation dans une société qui, comme toutes les sociétés lâches, préfère tourner la tête ailleurs ou faire des conseils fumistes, du genre: quiconque regarde le passé garde une rancœur, je préfère, pour ma part, garder ma liberté et mes idées afin de combattre, de loin, ce qui doit l’être.

Au nom de quoi vais-je accepter de me soumettre à un État injuste ? Qui refuse de sanctionner les criminels qu’il voit sous ces yeux, du scandale de l’Aser à celui de l’Onas, des terres attribuées à Kawar, des révélations sur Pierre Goudiaby au rôle scandaleux de Lansana Gagny Sakho et à tous les coups portés contre le pays depuis des années et qui se poursuivent !

Dans l’affaire de l’Aser, tout le monde sait qu’il y a un lourd saccage financier, une vaste magouille, impliquant des personnes connues depuis le précédent régime jusqu’à l’actuel. Abass Fall, Saer Niang, Jean-Michel Sène, Seydou Kane, les Espagnols de Santander et de l’agence de crédit à l’exportation de leur pays, ou encore d’autres figures sont mouillées par ce méga-scandale.

Qu’un Idrissa Fall Cissé, conseiller d’Abdourakhmane Diouf, et au passé flou, agissant en acteur à la solde de je-ne-sais-qui participe à la distribution de l’information sur ce scandale ne me gêne que pour une raison: même en étant au coeur de l’Etat, ils sont dans la traîtrise…

C’est un pays pourri, a junk-nation, et en y réfléchissant plus calmement, je ne lui donne aucune prérogative pour me passer à la question. Ses services de justice, de sécurité et le reste de son pouvoir régalien sont dans l’accomplissement de mandats au service de quiconque détient les rênes de l’Etat.

J’avais choisi, voici 7 mois, de rentrer et ma joie irradiait alors la blogosphère. Ma fille, venue des Usa pour s’y installer, m’avait accueilli. Son choix du Sénégal m’avait plu. Nous avions des plans. Je comptais participer pleinement à la marche de la nation, truelle en main!

Mais à l’impossible nul n’est tenu. Surtout quand on constate et l’inévitable échec sur fond de volonté dictatoriale et de rampage sur les ressources nationales d’un pouvoir Pastef aussi nocif que celui qu’il nous promettait de remplacer.

Mon flair et mon bon sens me dictent de ne pas faire confiance en ce pouvoir qui a trahi. Ni à aucune de ses émanations que l’on sent pressées de restaurer les pires formes de terrorisme d’Etat. Ni à un peuple qui a baissé les bras, plus tenté par le goût du luxe et du lucre, déserteur sur les champs de bataille morale. Ni les leaders d’opinion, guides religieux ou intellectuels, ayant abdiqué leur devoir pour s’assurer d’être servis, fut-ce pour récolter la portion congrue que leur lâche un pouvoir méprisant mais vengeur.

C’est une aventure nouvelle qui commence. Ma vie en est bouleversée. Je repars à zéro. Je ne me soucie pas de ce que peut penser un peuple Sénégalais injuste, sans dignité, aligné derrière des anti-valeurs, fonctionnant au carburant des petites prébendes et ayant donc perdu la plus petite once d’estime que je lui gardais, le sachant atteint d’une culture capitularde -comme aux temps du pire Petainisme. Combattre cette lâcheté est lassant et vain. Je préfère consacrer mes efforts à d’autres causes. Jusqu’à voir se lever un soleil d’espoir sur le ciel Sénégalais, un jour lointain.

Dans l’immédiat, à celles et ceux qui savent que je suis un homme de raison nimbé d’une sagesse acquise au fil des ans, je dis: Dieu et ma volonté feront le reste.

Adieu, pays de non-droit. Je refuse de valider la criminalité Pastefienne sous quelque habit qu’elle se présente.

Aux procureurs et juges formant un peuple que nourrit le non-droit, je dis: jugez-moi, condamnez-moi, faites ce que bon vous semble. Je ne me sens pas engagé par cette comédie ubuesque et honteuse qui a fini de défigurer un naguère beau pays.

Quant aux lâches, vivant dans la pauvreté et le malheur, suivistes d’un pouvoir qui a mené le Sénégal à l’abattoir, je leur dis: Vous êtes perdus et Bye !

Adama Gaye*, citoyen en exil du Sénégal…

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